La colombe by Dumas Alexandre

La colombe by Dumas Alexandre

Auteur:Dumas, Alexandre [Dumas, Alexandre]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2013-01-06T13:02:09+00:00


Vingtième lettre

Cinq heures et demie, même jour.

Que me dites-vous là ! je ne comprends pas bien. Vous m’avez retrouvée, vous êtes sûr que je ne vous ai pas trahi, vous êtes sûr que je vous aime, et cela, dites-vous, rapproche le terme de vos vœux, et cela vous rend la vocation plus facile, et cela vous fait plus calme pour vous consacrer à Dieu !

Ô mon Dieu ! auriez-vous toujours cet étrange projet de renoncer au monde ?

Mais écoutez-moi bien : Dieu n’est pas injuste. Quand je me suis consacrée à lui, c’était dans la croyance de votre mort ; vous viviez : Dieu n’a pu recevoir des vœux arrachés au désespoir, puisque la cause du désespoir n’existait pas ; je suis donc libre, libre malgré mes vœux.

Oh ! oui, oui, vous le dites : nous nous sommes presque touchés un instant dans cette abbaye, et rien ne nous a dit que nous étions si près l’un de l’autre. Oh ! je me trompe, je suis ingrate envers mon propre cœur. Une voix me criait : Insiste, reste, demeure, il est ici.

Oui, je comprends, elle a tremblé pour elle, pauvre femme, elle a tremblé que l’hospitalité qu’elle vous donnait ne fût sa perte. Oh ! pourquoi ne vous ai-je pas retrouvé, moi ; j’eusse été fière de la mission que Dieu m’avait donnée de sauver le fils de Henri IV. J’eusse tout affronté, pour le seul orgueil, pour la seule gloire de dire : Quand le monde entier l’abandonnait, moi seule l’ai reçu, moi seule l’ai protégé.

Folle que je suis en disant cela, je vous eusse trahi, et vous étiez perdu comme l’a été le maréchal-duc.

Mieux vaut donc qu’elle ait caché votre existence même à moi et que vous viviez ; mieux vaut donc que je souffre, que je sois malheureuse, que je meure.

Mais pourquoi serais-je malheureuse ? pourquoi mourrais-je ? vous n’avez pas fait de vœux, je regarde les miens comme rompus. Partons, allons en Italie, en Espagne, au bout du monde. Je suis riche encore ; d’ailleurs, qu’avons-nous besoin de richesse ? vous m’aimez, je vous aime ! partons, partons !

Oh ! répondez-moi. Oui, dites-moi où vous êtes, dites-moi où je puis aller vous chercher.

Songez que vous m’avez soupçonnée, moi, votre Isabelle, soupçonnée d’une infamie, et que vous me devez une expiation.

J’attends, j’attends !



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